

DISTINGUER LE TSA DU NARCISSISME PATHOLOGIQUE
FICHE EXPLICATIVE
PRÉAMBULE
Je réponds ici à une question qui m’a été posée à la suite de la publication de mon dernier texte : en tant qu’autiste avec une surefficience intellectuelle, ai-je été confronté à des situations où d’autres ont confondu chez moi des traits du trouble du spectre autistique (TSA) avec ceux du trouble de la personnalité narcissique (TNP) ?
En mars 2024, j’ai reçu un diagnostic de TSA, qui m’a grandement soulagé, notamment parce que, quelques mois auparavant, en octobre 2023, deux événements survenus à deux semaines d’intervalle m’avaient profondément déstabilisé et poussé à une remise en question personnelle.
Le premier incident s’est produit avec une personne avec qui j’avais bâti, au fil des mois, une relation que je pensais être de confiance. Du jour au lendemain, elle y a mis fin, me reprochant d’avoir instauré un espace au sein duquel elle se sentait vulnérable, et m’accusant de m’être approprié certains de ses ressentis. Elle en a conclu que je pourrais être un pervers narcissique. Cette rupture soudaine m’a conduit à m’interroger sur mon comportement. J’ai notamment réfléchi à la possibilité que, malgré une vie émotionnelle intense, je n’aie certainement pas su accueillir et reconnaître pleinement ses ressentis dans nos échanges.
Peu de temps après, j’ai rencontré une danseuse dans le cadre d’un casting que j’organisais pour un projet artistique. Ses questions, intrusives, portaient uniquement sur la sphère personnelle, ce qui m’a surpris compte tenu du cadre professionnel de notre rencontre. À la fin de l’entrevue, elle m’a reproché de lui avoir fourni des réponses froides et distantes et m’a également accusé d’être un pervers narcissique.
Ces deux expériences marquantes m’ont poussé à questionner mes interactions sociales. A la suite de mon diagnostic de TSA, j’ai mieux compris certains de mes comportements. J’ai réalisé que ma tendance à partager mes propres expériences en réponse à celles des autres n’est pas un moyen de minimiser leur vécu, mais une façon de créer un lien émotionnel et de mieux comprendre leurs sentiments.
Cette manière d’agir, qui découle d’une empathie émotionnelle forte, mais d’une empathie cognitive plus limitée propre à de nombreux TSA sans déficience intellectuelle, est souvent mal interprétée.
Aujourd’hui, il apparaît que l’expression « pervers narcissique » est largement utilisée à tort et hors de son contexte clinique. Ce terme sert trop fréquemment à qualifier toute personne dont le comportement est perçu comme déstabilisant ou difficile à comprendre. Il est courant que ce soient précisément les individus en difficulté relationnelle ou émotionnelle qui projettent leurs propres dysfonctionnements sur les autres en les accusant de narcissisme ou de manipulation. Cette banalisation du terme déforme sa véritable signification et entraîne des malentendus qui causent des souffrances inutiles, notamment chez des personnes autistes dont les comportements atypiques sont souvent mal interprétés.
Ces expériences m’ont fait prendre conscience à quel point il est facile de confondre des traits autistiques, comme la franchise ou l’intensité émotionnelle, avec des traits narcissiques.
Elles ont renforcé mon désir de contribuer à une meilleure compréhension des spécificités du TSA sans déficience intellectuelle et d’éviter ces confusions.
Aujourd’hui, je réponds aux demandes que j’ai reçues de rédiger une fiche pratique pour clarifier les différences entre ces deux profils dans l’espoir de fournir un outil de compréhension clair et utile pour une discussion éclairée.
I. DÉFINITION DES DEUX TROUBLES
Trouble du spectre autistique sans déficience intellectuelle (TSA-SDI)
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la communication sociale, les comportements et les intérêts, avec des manifestations très variables d’une personne à l’autre. Lorsqu’il n’est pas associé à une déficience intellectuelle, le TSA s’accompagne d’une intelligence normale, voire supérieure à la moyenne, mais avec des particularités marquées dans les interactions sociales, la communication non verbale et les comportements répétitifs. Ces différences peuvent entraîner des difficultés d’adaptation aux normes sociales habituelles, tout en s’accompagnant souvent de centres d’intérêt spécifiques, d’une pensée originale et d’une grande rigueur dans certains domaines.
Quelques caractéristiques principales
– Difficultés dans les interactions sociales : difficultés à comprendre les codes sociaux implicites et à s’adapter aux interactions de manière fluide.
– Empathie émotionnelle intacte, mais difficultés avec l’empathie cognitive : bien que les personnes autistes sans déficience intellectuelle puissent ressentir les émotions des autres, elles peinent à comprendre les pensées et intentions de leurs interlocuteurs.
– Rigidité comportementale : besoin de routines strictes et/ou de prévisibilité dans l’environnement.
– Sensibilité sensorielle accrue : hypersensibilité ou hyposensibilité à certains stimuli sensoriels (lumière, bruit, toucher, etc.).
Trouble de la personnalité narcissique (TNP)
Le trouble narcissique de la personnalité (TNP) est un trouble psychologique caractérisé par un besoin excessif d’admiration, une quête permanente de valorisation personnelle et une profonde difficulté à éprouver de l’empathie pour autrui. Les personnes atteintes de TNP entretiennent une image grandiose d’elles-mêmes, souvent déconnectée de la réalité, et cherchent constamment à la nourrir à travers leurs interactions sociales.
Elles ont tendance à instrumentaliser les autres pour obtenir reconnaissance et approbation, accordant peu d’attention aux besoins ou aux sentiments de leur entourage.
Ainsi, leurs relations sont fréquemment marquées par des dynamiques de domination, de manipulation ou d’indifférence émotionnelle.
Quelques caractéristiques principales
– Sentiment de grandeur : image exagérée de l’importance personnelle, souvent associée à des fantasmes de succès, de pouvoir et de reconnaissance.
– Besoin constant d’admiration : recherche incessante de validation et d’admiration, souvent au détriment des relations authentiques.
– Exploitation des autres : manipulation des relations pour atteindre des objectifs personnels.
– Manque d’empathie émotionnelle : indifférence aux sentiments des autres, sauf lorsqu’ils peuvent être utilisés pour renforcer l’estime de soi.
– Sentiment de droit : conviction que l’on mérite un traitement spécial ou des privilèges.
II. COMPORTEMENTS POUVANT PRÊTER À CONFUSION
À première vue, certains comportements autistiques peuvent prêter à confusion et être pris pour du narcissisme. Pourtant, derrière des attitudes parfois similaires, les intentions sont très différentes. C’est pourquoi il est essentiel de bien comprendre ce qui motive ces comportements avant de tirer des conclusions.
Besoin de parler de soi
Autisme (TSA-SDI)
Une personne autiste peut partager ses expériences personnelles pour illustrer un point de vue, créer un lien avec les autres ou vérifier qu’elle a bien compris ce que l’autre exprime.
Ce besoin de faire un parallèle n’est pas motivé par une volonté de se valoriser ou d’impressionner, mais plutôt par une forte empathie émotionnelle, associée à des difficultés en empathie cognitive. Cette tendance à parler de soi peut aussi refléter une méconnaissance des codes sociaux implicites, rendant parfois plus complexe l’ajustement spontané aux échanges.
En procédant ainsi, la personne autiste cherche avant tout à entrer en résonance avec l’autre de la manière la plus sincère et authentique possible.
Narcissisme (TNP)
Une personne narcissique parle d’elle-même principalement pour renforcer son image, obtenir admiration ou validation, et non pour établir une véritable connexion émotionnelle. Elle utilise souvent la conversation pour impressionner
et s’assurer que son statut est reconnu.
Difficulté à reconnaître les émotions des autres
Autisme (TSA-SDI)
Les personnes autistes ont souvent des difficultés à identifier ou comprendre les émotions des autres, en particulier les aspects implicites de la communication émotionnelle. Cette difficulté, nous l’avons dit, n’est pas liée à une absence d’empathie émotionnelle, mais plutôt à un déficit en empathie cognitive, c’est-à-dire une difficulté à percevoir les pensées et intentions des autres.
Narcissisme (TNP)
Le narcissique manque d’empathie émotionnelle et n’est généralement pas intéressé par les sentiments des autres, sauf si cela peut servir à ses propres fins. Les critiques ou les émotions des autres sont souvent ignorées ou minimisées, surtout lorsqu’elles ne renforcent pas son image de soi.
Sensibilité aux critiques
Autisme (TSA-SDI)
Une personne autiste peut être très affectée par les critiques, souvent parce qu’elle est en quête de compréhension sociale. Cette sensibilité est liée à un désir d’être accepté et de comprendre les attentes des autres. La critique peut être perçue comme un signal de malentendu social, ce qui génère de la confusion et de l’anxiété.
Narcissisme (TNP)
Les narcissiques réagissent de manière beaucoup plus intense et agressive aux critiques. Ils les perçoivent comme des attaques à leur estime de soi et y répondent souvent par des contre-attaques violentes ou en dévalorisant l’autre pour se défendre.
Difficulté à maintenir des relations sociales
Autisme (TSA-SDI)
Les personnes autistes peuvent éprouver des difficultés dans les interactions sociales, souvent dues à des maladresses ou des malentendus. Toutefois, ces difficultés ne résultent pas d’un manque d’intérêt pour les relations. Bien au contraire, de nombreuses personnes autistes cherchent activement à établir des liens, mais elles rencontrent des obstacles dans la compréhension des indices sociaux implicites ou des attentes non verbales. Leur désir de connexion est réel, mais il se heurte à une interprétation différente des normes sociales.
Narcissisme (TNP)
Pour une personne narcissique, les relations sociales sont avant tout un moyen d’obtenir des avantages personnels. Elles servent à nourrir l’image de grandeur qu’elle entretient d’elle-même, en renforçant son estime de soi.
Les relations ne sont donc pas vécues comme des échanges équilibrés et réciproques, mais comme un terrain d’exploitation pour confirmer son importance. Si le narcissique peut entretenir des relations superficielles pendant un temps, ces dernières peinent souvent à durer, car l’autre est vu avant tout comme un miroir qui doit refléter son image. Quand l’autre cesse de servir cet objectif, la relation se dégrade rapidement.
En résumé
Bien que certaines manifestations comportementales puissent apparaître similaires entre les deux troubles, elles reposent sur des motivations très différentes. Les personnes autistes agissent souvent en raison de leur difficulté à comprendre et à naviguer dans les interactions sociales, tandis que les narcissiques utilisent consciemment les interactions pour renforcer leur image et satisfaire leurs propres besoins.
III. COMPORTEMENTS TYPIQUES DES PERSONNES AUTISTES SANS DÉFICIENCE INTELLECTUELLE QUE LES PERSONNES NARCISSIQUES NE MANIFESTENT PAS
Certains comportements spécifiques des personnes autistes sans déficience intellectuelle sont absents chez les personnes narcissiques.
Difficultés dans la gestion des interactions sociales
Les personnes autistes sans déficience intellectuelle éprouvent souvent des difficultés dans la gestion des interactions sociales. Elles peuvent avoir du mal à comprendre les nuances des relations humaines, comme les expressions faciales, les gestes ou le ton de voix, ce qui peut rendre leurs interactions maladroites ou inappropriées.
Contrairement aux personnes présentant un narcissisme pathologique, généralement capables d’utiliser les indices sociaux pour manipuler ou se mettre en valeur, les personnes autistes ne cherchent, en général, pas consciemment à influencer ou contrôler les autres. Leur rapport aux interactions sociales est souvent plus direct, sincère et dépourvu de stratégies implicites, ce qui peut parfois être perçu comme une maladresse ou un décalage, alors qu’il s’agit d’une autre manière d’être en relation.
Empathie émotionnelle forte mais difficulté à saisir les codes sociaux
Les personnes autistes ressentent souvent une empathie émotionnelle profonde, mais cette empathie peut être mal interprétée ou non exprimée de manière conventionnelle.
Alors qu’une personne narcissique peut simuler de l’empathie dans une visée manipulatrice, une personne autiste peut être profondément touchée par la détresse d’autrui, mais avoir du mal à réagir de façon socialement attendue en raison de sa difficulté à décoder les codes implicites de la communication émotionnelle. Elle pourra rester figée, détourner les yeux ou proposer une solution pratique immédiate, parce que ces gestes lui semblent plus justes ou accessibles que les réponses émotionnelles attendues comme une étreinte ou une parole réconfortante.
Tendance à l’honnêteté brute et à la franchise,
sans intention manipulatoire
Les personnes autistes, nous l’avons déjà mentionné dans ce texte, peuvent être extrêmement honnêtes et franches, parfois de manière brutale, sans jamais envisager de manipuler ou d’utiliser cette honnêteté à leur avantage.
Leur absence de filtre social peut leur faire dire des vérités que d’autres hésiteraient à exprimer, mais cela ne découle pas d’une volonté de nuire ou de se mettre en avant, contrairement aux personnes narcissiques qui utilisent souvent des vérités partielles ou déformées pour atteindre leurs objectifs.
Comportements répétitifs et intérêts restreints, non liés à
une quête d’admiration
Les personnes autistes peuvent présenter des comportements répétitifs, tels que des mouvements stéréotypés ou des routines fixes. Par exemple, elles se balancent, alignent des objets, ou suivent un enchaînement précis d’actions pour se rassurer ou réguler une surcharge sensorielle.
De plus, elles peuvent être absorbées par des intérêts très spécifiques ou pointus, comme l’anatomie des insectes, les structures musicales complexes, mais ces intérêts sont rarement motivés par un désir d’admiration ou d’approbation sociale. Ils répondent plutôt à un besoin profond de compréhension, de stabilité ou de plaisir sensoriel et intellectuel. Contrairement à un narcissique qui recherche constamment la reconnaissance et l’attention, l’autiste poursuit ses passions sans aucun lien avec une quête de validation extérieure.
Manque d’intérêt pour l’image sociale ou l’impact sur les autres
Les personnes autistes peuvent avoir un faible intérêt pour les dynamiques sociales, l’image qu’elles renvoient, ou l’impact de leurs actions sur les autres. Ce manque d’intérêt n’est pas le résultat d’un manque d’empathie, mais plutôt d’une difficulté à naviguer dans un monde centré sur les interactions sociales et l’opinion des autres.
À l’inverse, les personnes narcissiques sont souvent très préoccupées par leur image et leur réputation, et leurs actions sont souvent calculées pour préserver ou améliorer leur statut social.
Sensibilité sensorielle accrue ou particulière dans certains contextes
Les personnes autistes sont souvent particulièrement sensibles à certains stimuli sensoriels, tels que la lumière, le bruit ou les textures. Cette hypersensibilité peut entraîner de l’anxiété ou de l’inconfort, ce qui peut influencer leur comportement dans certains environnements — par exemple, en les poussant à éviter les lieux bruyants, à porter des vêtements particuliers, ou à se retirer brusquement d’une situation.
Cependant, cette sensibilité n’est jamais liée à une volonté d’attirer l’attention ou d’obtenir de l’admiration, contrairement à ce que peuvent rechercher les personnes narcissiques qui utilisent souvent des stratégies pour se faire remarquer ou susciter des réactions.
IV. COMPORTEMENTS TYPIQUES DES PERSONNES NARCISSIQUES QUE LES PERSONNES AUTISTES
NE PRÉSENTENT PAS
Besoin constant d’admiration et validation externe
Les personnes narcissiques ont un besoin constant d’admiration et de validation externes. Elles recherchent activement les compliments, les éloges et la reconnaissance pour nourrir leur estime de soi. Cette quête d’attention est cruciale pour leur bien-être émotionnel et constitue souvent un moteur central de leurs comportements toxiques.
En revanche, les personnes autistes sans déficience intellectuelle ne poursuivent pas nécessairement la validation extérieure ou les compliments.
Leur préoccupation principale est souvent de comprendre leur environnement et de fonctionner de manière optimale, sans être influencées par la recherche constante de reconnaissance sociale.
Exploitation des autres pour renforcer leur image ou obtenir
des avantages
Les personnes narcissiques exploitent souvent les autres pour améliorer leur image, obtenir des avantages matériels ou émotionnels, ou atteindre des objectifs personnels. Elles peuvent utiliser les relations de manière instrumentale, sans se soucier des besoins ou des sentiments des autres, tant que cela leur procure un gain personnel.
Les personnes autistes, en revanche, ont peu cette capacité de manipulation ou cette intention d’exploiter autrui. Cela s’explique en partie par leur fonctionnement cognitif et émotionnel : elles ont souvent une pensée littérale, un attachement profond à la sincérité, et des difficultés à décrypter ou à utiliser les codes sociaux implicites qui permettent ce type de stratégie. Leur relation aux autres repose généralement sur l’authenticité plutôt que sur l’opportunisme. Elles établissent des relations authentiques sans chercher à tirer un avantage personnel ou à renforcer leur propre image à travers les autres.
Manque d’empathie cognitive et émotionnelle, surtout en cas
de critiques ou d’échec
Les narcissiques sont souvent caractérisés par un déficit d’empathie émotionnelle, c’est-à-dire une difficulté à réellement ressentir ou partager les émotions d’autrui. En revanche, ils peuvent avoir une empathie cognitive relativement intacte : ils comprennent intellectuellement ce que les autres ressentent, mais utilisent souvent cette compréhension à des fins stratégiques ou manipulatoires.
Cela signifie qu’ils peuvent reconnaître la souffrance d’autrui, mais s’en désintéresser ou même s’en servir, si cela sert leurs propres intérêts — surtout lorsqu’ils se sentent menacés, critiqués ou en échec.
Les personnes autistes, bien qu’elles puissent rencontrer des difficultés à comprendre certaines nuances émotionnelles (empathie cognitive), ressentent souvent une empathie émotionnelle forte. Ce qui les distingue des narcissiques, c’est que leur manque d’empathie cognitive est généralement lié à une difficulté à saisir certains codes sociaux, et non à une indifférence aux émotions des autres.
Sentiment de supériorité et de droit à des traitements ou
privilèges spéciaux
Le narcissique a tendance à se percevoir comme supérieur aux autres et s’attend à être traité d’une manière spéciale. Il estime mériter des privilèges ou des avantages qui ne sont pas accessibles aux autres, et ce sentiment de droit est souvent la base de son comportement destructeur.
En revanche, les personnes autistes n’ont généralement pas ce sentiment de supériorité. Elles n’attendent pas un traitement particulier, et leur manière d’interagir avec les autres est souvent marquée par un désir de compréhension et d’inclusion, plutôt que par un besoin d’être valorisées ou de bénéficier de privilèges.
Manipulation et contrôle des relations pour maintenir une image de puissance ou de grandeur
Les narcissiques cherchent souvent à manipuler ou contrôler les relations pour maintenir une image de grandeur, de puissance ou de réussite. Ils peuvent créer des situations où ils apparaissent comme des figures d’autorité ou des personnes exceptionnelles, en utilisant autrui comme un moyen d’atteindre ce but.
Les personnes autistes, en revanche, n’ont pas, pour la majorité, cette propension à manipuler ou contrôler les autres dans le but d’affirmer leur pouvoir ou leur statut. Leurs relations sont généralement complexes, mais sincères et fondées sur des interactions authentiques, sans visées stratégiques liées à leur image ou à leur influence.
Comportement égocentrique, avec un intérêt disproportionné pour l’image personnelle et les accomplissements sociaux
Les personnes ayant un trouble narcissique sont égocentriques, avec un intérêt disproportionné pour leur propre image, leur statut et leurs accomplissements sociaux. Elles cherchent à se mettre en avant et à être admirées pour ce qu’elles font ou ce qu’elles représentent.
Les personnes autistes, en revanche, ne sont généralement pas préoccupées par leur image personnelle ou leur place dans la société. Leur attention est davantage tournée vers la compréhension de leur environnement ou la résolution de problèmes liés à leur quotidien, plutôt que de s’investir dans des préoccupations sociales de statut ou d’image.
CONCLUSION
Importance du diagnostic et de la thérapie
La distinction entre les deux troubles est primordiale, non seulement pour le diagnostic, mais aussi pour la prise en charge thérapeutique.
Le TSA est un trouble neurodéveloppemental dont les racines résident dans des particularités du cerveau, tandis que le TNP est un trouble de la personnalité, profondément ancré dans la construction psychologique et les dynamiques relationnelles.
Un diagnostic erroné peut entraîner une mauvaise interprétation des comportements et des intentions des personnes concernées, ce qui peut avoir des effets délétères sur leur bien-être. En particulier, accuser à tort une personne autiste de narcissisme peut aggraver son état, affecter son estime de soi et compliquer les interactions sociales.
Cela peut également détourner les professionnels de santé de l’accompagnement adapté : là où une personne autiste aurait besoin de repères sensoriels, de clarté dans les échanges ou d’un environnement bienveillant, on risque de lui proposer des approches centrées sur la confrontation ou la remise en cause de ses intentions.
Cette confusion nuit à la reconnaissance de sa réalité intérieure et compromet les chances d’un soutien véritablement aidant.
Reconnaître la nature fondamentalement différente de ces deux profils, c’est donc une question de justesse diagnostique, mais aussi de respect et de dignité.
RECOMMANDATIONS
– Éviter les jugements hâtifs et les interprétations erronées des comportements. La précision dans l’évaluation des troubles est essentielle pour offrir un accompagnement approprié.
– Éviter l’usage abusif du terme “narcissisme” dans notre société, car il peut avoir des conséquences délétères pour les personnes autistes sans déficience intellectuelle, notamment en renforçant des stéréotypes sociaux et des stigmatisations.
– Renforcer la sensibilisation aux spécificités du TSA et du TNP, tant dans les milieux médicaux que dans la société en général, pour éviter les malentendus et permettre une meilleure prise en charge des individus concernés.
